dimanche 1 janvier 2012

Des moines sans culotte, habillés de ciel et de vent


La scène est connue: une file à la caisse du supermarché, une vieille dame qui fouille au fond de son sac, puis fouille au fond de son portemonnaie pour faire l'appoint. Elle se tourne vers l'homme qui la suit pour s'excuser. Il répond: "Prenez tout votre temps, Madame! Quoi qu'il en soit, vous n'en avez plus beaucoup devant vous..."

Un seul repas par jour.
Je n'ai plus beaucoup de temps non plus. Qui sait? Et comme il file toujours plus vite avec l'âge, je m'arrête pour faire le point. La meilleure façon de préparer l'avenir est de vivre pleinement le présent. De demeurer curieux, créatif, prêt à apprendre et à partager. De travailler le sol de mon jardin et le terreau de mes textes.

Ce premier de l'an, je me suis donné pour thème la nudité. En quoi me fascine-t-elle? Je la pratique sans qu'elle ne devienne une obsession. C'est un confort de la peau, une disposition de l'âme à se centrer sur ce qui importe. Les disciples de Jésus, des pêcheurs, naviguaient à poil selon l'évangile de Jean, au dernier chapitre. Ils étaient pauvres, ne remplissaient pas tous les jours leurs filets et limitaient l'usure des vêtements. (Comparez Pierre -- qui enfile son pagne à l'approche de Jésus -- avec son "successeur" aujourd'hui, revêtu de tissus précieux, de dentelles et d'or...)

D'autres moines jaïns sont vêtus de blanc.
Parlons de la nudité de quelques moines jaïns en Inde. Ils ne portent aucun vêtement en signe de détachement absolu. Le climat s'y prête. On dit qu'ils sont vêtus d'espace ou de ciel. Leur but est de se détacher de la matière pour pouvoir rejoindre l'au-delà en état de liberté parfaite une fois accomplis tous les cycles de vie. Ces moines sont révérés par les fidèles et se promènent avec un plumeau pour écarter les insectes et éviter de les écraser, car ils respectent toutes vies. Le jeûne fait aussi partie de leur spiritualité -- y compris le jeûne pour atteindre la mort.

Nu jusqu'à sa mort.


La nudité est l'état naturel des humains. Les langes dont on ligote les poupons -- tellement la merde nous est insupportable -- nous font oublier que ces petit baignaient nus dans le ventre de leur mère. Nager sans textile c'est vivre des sensations primordiales, comme d'éprouver les caresses du vent sur les roupettes ou de se rouler tout exposé dans la neige et la boue. Poser ses fesses sur l'herbe, sur les feuilles et la terre, c'est capter l'énergie tellurique et éprouver ce que s'enraciner veut dire.

Enfin, à ceux qui associent immanquablement nudité à excitation sexuelle, on peut rappeler que le vêtement est beaucoup plus provocant.

André

1 commentaire:

Raymond a dit…

Quel article admirable et quel bel augure pour les jours qui arrivent !

Meilleurs vœux.