dimanche 30 octobre 2011

Walt Whitman : "En ce moment, consumé de désir et songeur..."

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En ce moment, consumé de désir et songeur, assis tout seul,
Il me semble qu'il y a d'autres hommes dans d'autres pays qui sont consumés de désir et songeurs,
Il me semble que mon regard peut porter jusque-là et que je les vois en Allemagne, en Italie, en France, en Espagne,
Ou loin, très loin, en Chine ou en Russie, ou au Japon, parlant d'autres dialectes,
Et il me semble que si je pouvais connaître ces hommes, je m'attacherais à eux comme je m'attache aux hommes de mon propre pays,
Oh, je suis sûr que nous serions frères et amants,
Je suis sûr que je serais heureux avec eux.

-- Walt Whitman, Feuilles d'herbe (1860).



Le poète et son ami Robert Doyle (1865).
Poète américain (1819 -1892), chantre de la camaraderie virile, de la beauté des jeunes soldats durant la guerre de Sécession, de l'amour qu'il éprouve pour les blessés auxquels il rend visite chaque jour, Whitman a exalté le plaisir que l'on prend à deux, préférablement avec un homme, ou seul avec soi-même (Ballade de moi-même).

vendredi 28 octobre 2011

Le haka des All Blacks : pour faciliter votre coming out


Chaque récit de coming out apporte son lot d'inquiétude et d'émotion. On s'en est rendu compte hier soir au cinéma Oblò à Lausanne où le Ciné-qlüb LGBTIQ (sic, cliquez) présentait Pourquoi pas moi? de Stéphane Giusti (1999), comédie enlevée qui raconte comment une groupe de belles filles, et un beau gars, organisent leur sortie du placard face à des parents réticents. Tout cela dans une maison de vacances près de Barcelone, avec Johnny Hallyday en ancien torero (resic).

Ce film était suivi de témoignages de femmes et d'hommes présents en chair et en os. Deux gars ont raconté qu'ils n'avaient vu pleurer leur père qu'à l'occasion de la mort de sa mère et de la sortie du placard du fils. Le coming out d'une jeune femme a été suivi de celui de sa mère, partie à La Réunion vivre avec son amante. Une mère et un père qui se doutaient un peu de l'homosexualité du fiston l'ont aidé à se débarrasser de ce poids.

Une mère et son jeune fils ont expliqué comment l'une et l'autre avaient vécu ce moment crucial. Un jeune mec à qui rien n'a été épargné, pas même la violence du père, a témoigné qu'il était heureux d'avoir survécu à sa tentative de suicide; faute de soutien de la part de ses géniteurs et de sa fratrie, il s'est créé une famille d'élection. Un couple âgé a parlé du coming out d'un fils: il était fou de comédies musicales; il a réalisé son rêve puisqu'il travaille aujourd'hui dans cette industrie à Paris.

Un mec de 75 balais (le soussigné) a parlé de ses coming out successifs (à une époque où le terme n'existait pas): amis, puis parents et fratrie, boulot, puis en militant tenant un discours devant 700 personnes lors de la première gay pride à Bâle (1980), puis à la télé, à l'enterrement de son compagnon... cela n'arrête jamais.

Une idée m'est venue en voyant les vidéos de haka, dansé par les All Blacks, diffusées récemment sur les blogues. Quelle montée d'adrénaline pour le clan! On devrait inventer un rituel aussi énergique et viril -- combatif, sans être agressif -- pour préparer physiquement et moralement les candidats au coming out. Je pense à Jamey Rodemeyer (cliquez), si courageux, si fragile, qui s'est donné la mort à 14 ans le mois dernier. À tant d'autres, jeunes ou plus âgés, qui ne bénéficient pas de circonstances favorables pour franchir le pas. J'imagine aussi l'effet du tonnerre de dieu que produirait un haka dansé par des filles et des garçons lors d'une prochaine pride...

André

mercredi 26 octobre 2011

Une retraite en Thaïlande, entouré de money-boys

Du fric pour les voir danser ou les inviter.


Il avait terminé sa journée de travail à 14 h. Il avait garé son camion à quai, cul contre la porte 14. Il partait timbrer et se changer lorsque nous nous sommes croisés. J'allais interviewer son chef. "T'en as un gros paquet dans le sac," m'a-t-il dit pour commencer. "Je t'ai vu à la télé. Moi, j'aurais pas osé. Surtout pas à ta place..." Je ne le connaissais pas, il m'avait vu passer et lisait le mensuel du personnel que je rédigeais.

Puisqu'il me tutoyait, c'est qu'il était aussi pd ("gay" n'était pas encore en usage au début des années 1980). J'avais participé à une émission sur le sujet; la première où les mecs se présentaient sans masque. J'avais demandé qu'on note mon nom au bas de l'écran, et mon rôle de président d'un groupe homo. Ainsi les phobes sauraient qu'ils ne regardaient pas la Caméra invisible.

Coulisses du spectacle.
Vacances pour les deux.
Il m'a demandé si je passerais chez lui un soir en quittant le boulot: il avait un service à me demander. Ce que j'ai fait. Il m'a parlé de ses vacances; toujours en Thaïlande, au bord de la mer. M'a montré les photos de ses petits copains là-bas. Ils travaillait dans des bars ou des boîtes. Lui payait une redevance au patron pour faire sortir le money-boy qui allait vivre avec lui durant son séjour. Le Suisse et le Thaï communiquaient dans un anglais rudimentaire, ce qui facilitait la communication: pas besoin de se creuser la cervelle pour trouver des sujets de conversation. "Good - no good -- more?" Sinon eating, swimming, shopping and fucking. Tournée des bars le soir; rencontre avec d'autres francophones et leurs jeunes accompagnateurs. Versions originales sous-titrées dans les deux sens. Des petits gars propres, souriants, pas compliqués, et jamais sans capote même pour une fellation, précisait-il.
Jamais sans capote.

Sa demande était simple. Que je l'aide à rédiger des lettres plus détaillées que les cartes postales habituelles pour expliquer les détails de sa prochaine venue à l'un, et le versement d'argent à un autre qui se rendait au chevet de sa mère malade... Le chauffeur et moi travaillions dans la même entreprise.

J'ai rempli mon office d'intermédiaire pendant quelques années, puis mon bureau a été déplacé et nous nous sommes perdus de vue. Son projet était de prendre une retraite anticipée pour passer la majeure partie de l'année en Thaïlande. Je me demande s'il l'a réalisé; s'il a survécu à l'inactivité, à l'alcool et à d'autres périls.

André

samedi 22 octobre 2011

Une putain de capote pour programme électoral !

Seigneur, délivrez-nous de la tentation étrangère!



S'apprêtant à renouveler leur Parlement, les Suisses se rendent aux urnes ce week-end. Motifs d’inquiétude agités par l'UDC [l'Union démocratique du centre, qui se proclame "parti politique le plus puissant du pays" et dont les adversaires disent que seul le mot du dans son appellation n'est pas trompeur]: la présence étrangère qui s'élève à 22,3% des huit petits millions d’habitants. Et l'Union européenne.

De tous temps, les étrangers ont participé au développement de la Suisse. Pour mémoire, chers lecteurs français: la révocation de l'Édit de Nantes a entraîné l’exil de nombreux huguenots, affaiblissant l’économie de votre grande nation au profit des pays protestants. La Suisse a bénéficié de l'arrivée de ces excellents artisans au début de son développement horloger.

Pas même 6 cm...
Mais l'UDC [proche du FN tout en étant moins ouvertement fasciste -- coloration modérée de merde de laitier, comme il convient à un peuple de bergers] insiste sur les problèmes qu'engendre "l'immigration massive". Voyez l'affiche de la capote qu'ont placardée les jeunes UDC du canton de Vaud. Et (à gauche) celle qu'ils ont suscitée en réponse.

Patriote bouffant de l'étranger.
À part cela, l'UDC est le parti de "l'amour de la Suisse" (programme aussi vague que vaste, clairement raciste); pour le retour des femmes à la cuisine et à l'étable; contre la dépénalisation de la défonce; contre les terribles dangers que présentent l'irruption massive de l'islam et de l'homosexualité dans le paysage si pur de la famille helvétique.

Se protéger en chaussant des capotes. Oh! le torride amalgame... Sans imagination, il n'y a pas d'érection. Et le fantasme ["production de l'imagination par laquelle le moi cherche à échapper à la réalité"] de bites défiant la comparaison finit toujours par surgir à la vue de tous. Sur une affiche électorale.

André

jeudi 20 octobre 2011

L'homme est un roseau pensant, bandant et gai


L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. [...] Quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. -- Blaise Pascal, Pensées.


 
L'homme est l'orgueil du chêne emplissant le roseau. -- Victor Hugo, Les Contemplations.

La nature a mis le sucre tout pur dans la sève d'un roseau. -- Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature.


 
Je plie et ne romps pas. -- Jean de La Fontaine, Le Chêne et le roseau.




L'homme est un roseau pensant, inconsolable et gai. -- Guy Bedos, Inconsolable et gai.





 

Pour les aveugles, on dit non-voyant; les sourds, non-entendant; et pour les cons, non-comprenant. -- Guy Bedos, Inconsolable et gai.

Le temps n'étant plus aux idées simples, pour être efficace dans l'antiracisme, il n'est pas interdit d'être intelligent. -- Guy Bedos, Inconsolable et gai.


La dignité de l'homme est de penser, de bander, rire et pleurer. Encore faut-il savoir en user. André Depinge, Case des hommes.

mardi 18 octobre 2011

L'impudeur : pour chercher la vérité ou rajouter au mensonge?



Lors de la Folsom Street Fair de San Francisco, les adultes consentants ont carte blanche pour se balader dans l'accoutrement qui leur plaît et montrer leurs fesses ou leurs roustons si tel est leur bon plaisir. C'était le sujet de la note du 9 octobre: Vivre ouvertement la sauvagerie sexuelle aujourd'hui? (cliquez). Les commentaires fort intéressants d'Erich Pereres et de Damstounet ont enrichi le débat -- je vous les recommande.




Nous nous trouvons dans une société qui a passé d'un excès à l'autre, résume Erich. Mais se posent des questions comme: n'est-ce pas le retour normal du pendule? Ou: ceux qui demandent des espaces publics de liberté n'y ont-ils pas droit? La nudité partagée nous amène-t-elle à plus d'honnêteté?

Nos sociétés balancent entre les excès de répression et les excès d'impudeur commerciale. Nous manquons d'initiation ou d'éducation intelligente en ce qui concerne l'expression de notre érotisme inné. Alors qu'une pornographie fabriquée par des bourrins, déborde de partout. Vive le porno truculent ou, au contraire, flirtant avec l'art érotique! À bas la production industrielle!

Dans les années soixante du siècle précédent, j'ai eu la possibilité de voyager en Afrique noire et de rencontrer des gens qui vivaient encore nus ou presque -- suivant les occasions, fêtes ou activités aux champs. C'était harmonieux, fondé sur des coutumes ancrées depuis longtemps. Tandis que les sauvages d'aujourd'hui improvisent sans ligne de conduite. Sauf dans des espaces privilégiés comme le rassemblement du Burning Man qui attire des personnes partageant un goût de l'expression personnelle élevée à un niveau artistique et ludique remarquable. Folsom, à côté, est juste un défoulement égocentré.

André -- Photos de Folsom 2011 par Biron.

samedi 15 octobre 2011

Il découvre que la prostate est un organe jouissif, pas une maladie


De son grand-père à l'hôpital, on disait qu'il avait "une prostate" pour ne pas prononcer le mot de cancer. Et maintenant, grâce au dévouement de ses copains, il découvre: 1) un plaisir intense, 2) que les femmes ne sont pas seules à jouir à l'intérieur, 3) qu'il possède une prostate. Une glande traversée à la fois par les canaux éjaculateurs et par l'urètre, qui contribue à la composition du sperme en produisant un liquide extrait du sang, riche en calcium, zinc et protéines entre autres. Lorsqu'il sera revenu sur terre, ses copains lui expliqueront aussi pourquoi il éprouve de la difficulté à pisser le matin lorsqu'il a la trique

Entre le cul et les boules: le périnée.
C'est bien connu, seuls les mâles gays sont équipés d'un anus, doté d'une rondelle très sensible aux caresses de tout ordre et d'une prostate (le point P) qui ne demande qu'à vibrer au fond de la caverne. À la place, les hétéros ont un trou du cul qu'ils traitent comme tel. C'est vraiment moche d'insulter ainsi une organe aussi précieux qui se charge à la fois du travail de voirie et du divertissement de qualité. Bon, il s'agit des bourrins parmi eux; parce que les plus sensibles et "pervers" savent exploiter le plaisir où il se trouve, sans crainte de passer de la voile à la vapeur.

" Tu veux découvrir ton point P? "
La voile, c'est lorsqu'ils se titillent avec leur propre doigt, celui de Madame, ou le gode-ceinture d'une créature arrangeante. La vapeur serait s'ils s'aventuraient à explorer les sensations qu'apporte un organe sans os (donc pas le doigt) à cet endroit. Mais une toute petite vapeur nimbée de bonheur et de poils virils ne fera pas basculer un hétéro vers l'autre bord; tout au plus, elle lui permettra de comprendre que tous les goûts sont dans la nature -- et la plupart très respectables.
Fantasme ou crainte de bander? (Paging Dr. Finger, Hot House Video.)

Une autre fois, je vous raconterai les travaux pratiques d'un séminaire sur le plaisir anal, comment l'amplifier, comment renforcer la musculature de cette zone (érections plus solides) et éviter le plus longtemps possible les troubles de la prostate.

André

jeudi 13 octobre 2011

Le corps-à-corps sado-maso de la boxe et son homoérotisme


Ce tableau du peintre américain George Bellows (1882-1925) résume à grands coups de pinceau le dilemme masculin entre virilité, sensualité et intimité. Et ce dans un cadre de franche exhibition sado-masochiste. À gauche, le combattant est à peine vêtu, sans protection où elle s'imposerait. Le genou de son adversaire va lui défoncer le paquet dans deux secondes. L'oeuvre s'intitule Stag at Sharkey's (1909). J'imagine qu'il s'agit d'un stag blow (coup de massue). Quant à Sharkey's, c'était une salle de boxe new-yorkaise où se déroulaient des matchs interdits, parce que ne respectant pas les règles de ce sport.

Bellows: Dempsey et Firpo, litho (1924).
Le peintre nous place dans la position du spectateur excité par la promesse d'affrontements sanglants, illégaux et probablement au finish. Une sauvage décharge d'adrénaline après la journée en usine. À l'époque, l'anxiété masculine de ne pas être assez viril se manifestait par rapport au corps dont la force musculaire était exploitée au travail. Aujourd'hui, notre inquiétude est plus métaphysique et se centre autour de notre rôle dans la société. Dans les deux cas, un match entre deux mecs en cage, mais puissants, résistants à la douleur et teigneux purge le spectateur de ses faiblesses.

Élèves du peintre Eakins posant pour lui (1883).
Et puis -- mais ne le répétez pas -- ces combats et autres affrontements encore plus dangereux sont les seules occasions de contempler des corps masculins presque nus dans un contexte de sauvagerie musclée. Retour à la caverne, à la lutte contre les bêtes sauvages. Retour à Rome et ses gladiateurs qui vaincront ou mourront. George Bellows écrit: "Je peins simplement deux hommes qui essaient chacun de tuer l'autre."

Muybridge: le lutteur Bill Bailey (1887).
En anatomie, le boxeur connaît les zones vulnérables et celles qu'il ne devrait pas frapper. Cette géographie du corps-à-corps comporte une note de sensualité, voire d'expression sado-maso qui magnifie le plaisir bestial du spectateur. Les fantasmes sont permis autour du ring: l'attrait envers le corps du frappeur et la répulsion que suscite la viande ensanglantée du vaincu, étendu par terre, sont mis au compte du sport. Le short des combattants marque l'endroit du plaisir et des mauvais coups, comme le met en évidence le tableau de Bellows. Le perdant sera châtré moralement.

N'oublions pas ces moments où les deux hommes, à bout de souffle, cherchent à se protéger et gagner du temps en se collant corps contre corps. Où ils embrassent l'autre pour capter son énergie et lui filer de nouveaux coups. Un splendide mélange de sensualité et de brutalité dont l'homosensualité est parfaitement acceptée puisque l'effacement du désir suit immédiatement ces secondes d'extrême intimité.

André -- Concernant le peintre et photographe Thomas Eakins, lire mon blogue "Un jeune boxeur nu et musclé face à des bourgeois" (cliquer).

mardi 11 octobre 2011

L'un est métis et gay, l'autre blanc, hétéro et timide -- pourtant ils sont jumeaux...


Pour résumer: James Kelly est métis, gay, sociable et entrera à l'université l'an prochain. Alors que son frère Daniel, blanc et hétéro, se tient sur la réserve comme un vrai timide et n'est pas du genre scolaire; il envisage un apprentissage technique. Ces deux jeunes Britanniques sont nés le 27 mars 1993 à deux heures de distance. James d'abord puis Daniel, fils d'Errol qui est noir et d'Alyson, blanche. Un couple qui avait déjà un lourd passé: chacun, dans un mariage précédent, avait engendré une paire de fils. Errol de "faux" jumeaux (dizygotes: deux ovules fécondés par deux spermatozoïdes), Alyson de vrais. Katie, 14 ans, la petite soeur de James et Daniel, représente l'exception dans cette famille: elle a grandi solo.

On imagine les questions et remarques que cette famille affronte constamment. Les gens demandent à Alyson si James est un camarade de Daniel, ou si elle l'a adopté. En ce qui concerne Errol, personne ne peut croire que Daniel soit véritablement son fils.

Jumeaux allemands monozygotes.
En général, les descendants d'un couple noir et blanc héritent d'une peau café au lait. C'est le cas de Katie. Et des autres jumeaux d'Alyson et Errol, issus eux aussi de couples dits mixtes. Alors, comment Daniel a-t-il échappé à la règle en naissant aussi blanc que sa mère? Il faut regarder du côté d'Errol. Certaines de ses ancêtres jamaïcaines, esclaves dans les plantations, ont probablement été violées par leur patron, un planteur blanc. Si Errol était un pur Africain, la peau de Daniel aurait la couleur du café au lait (histoire de gène récessif, je crois). Car dès qu'un parent possède un ADN africain sans mélange, son enfant naît basané -- que l'autre parent soit asiatique ou européen. Dans le cas des jumeaux James et Daniel, le premier a hérité de l'ADN africain, alors que le deuxième a reçu la part blanche de l'ADN paternel en plus de celui de sa mère.

Les problèmes de racisme auxquels les deux petits gars ont fait face à l'école sont ahurissants! Au jardin d'enfants, les éducatrices insistaient pour que Daniel (qui se voyait blanc dans le miroir et sur les photos) se dessine en black, à cause de son père... À l'école secondaire, à majorité blanche, c'est encore Daniel qui se faisait tanner par les autres ados parce qu'il n'était pas noir comme il aurait dû l'être à leurs yeux. James venait à sa rescousse. Vers l'âge de quinze ans, James a compris qu'il était gay. Son frère en avait l'intuition. Et son père a mieux réagi qu'il ne le craignait. Errol déclare qu'il est fier de son fils, pour son courage et sa lucidité. James, dit-il, a compris qu'il pouvait nous en parler et qu'on le respecterait.

Mais vous, lecteur, pensez-vous -- comme les fondamentalistes chrétiens et musulmans -- que l'homosexualité est un choix de l'individu concerné, et qu'il peut donc en "guérir" s'il le veut vraiment? En ce cas, l'hétérosexualité du frère jumeau découle aussi d'un choix... qu'il pourrait inverser!

André

dimanche 9 octobre 2011

Vivre ouvertement la sauvagerie sexuelle aujourd'hui ?


La Folsom Street Fair se déroule chaque année à la fin de l'été à San Francisco. Elle rassemble des primitifs contemporains, des exhibitionnistes sans manteau de pluie, des tatoués, des percés, des tenants du BDSM [rien à voir avec la bande dessinée!] et leurs ami/e/s. La foule de femmes et d'hommes qui déambule dans cette rue et ses voisines est assez évoluée pour apprécier les scènes de ligotage, flagellation, fellation et autres relations qui s'improvisent durant la journée. Sinon elle tourne le regard vers d'autres actions.

"Qu'est-ce qui fait que je me sens dans mon élément à Folsom?", se demande l'auteur bisexuel du Journal of an Intelsexual, blogue qui considère le sexe (la sexualité) comme un microcosme de l'univers.  "J'ai goûté à une morse de quelque chose d'important. Ressenti un déclic. Et j'ai besoin de continuer à chercher ce que cela signifie dans mon projet de vie. Brise fraîche ou soleil de l'après-midi: quel bienfait sur ma peau nue! M'exposer en public; m'adonner à des jeux ["pervers"] sans crainte d'être jugé... Quel bonheur d'être entouré de personnes qui en font de même. Je prends vraiment conscience de mon besoin en ce domaine. Sexe et soleil en même temps, c'est ce qu'il me faut. Ainsi que de me montrer en public, d'être regardé avec un sourire et un éclair dans les yeux pendant que j'assouvis mes pulsions fétichistes. Les gens bizarres comme moi doivent pouvoir rentrer chez eux en se disant je ne suis pas seul. Mais que puis-je faire pour que ce mode de vie soit mieux accepté? Je me le demande vraiment. [...] Pour l'instant,  c'est de prier, parce que cela me tient vraiment à coeur."

Il y a un peu d'état sauvage en chacun de nous. Et les besoins fondamentaux en matière de comportement, d'expression et de sexualité des sauvages modernes ne peuvent être ouvertement satisfaits dans la société actuelle. Pour le philosophe et poète allemand Friedrich Nietzsche, "même l’homme le plus raisonnable a besoin de temps en temps de retourner à la nature, c’est-à-dire à sa relation illogique fondamentale avec toutes choses". Seuls les gens naïfs imaginent que la nature humaine peut être dressée au point de devenir complètement logique. Nietzsche se demande si l'on peut vraiment comprendre un être vivant. Il répond: non.

Les sauvages modernes [en quête de liberté, non de cruauté] même s'ils comprennent qu'ils ne pourront jamais retourner à un état primitif total, s'efforcent d'être authentiques dans l'usage qu'ils font de leur corps. Mais ne le vivent pratiquement que le week-end.

André