samedi 18 février 2012

Au lit, préférez-vous votre beau mec qui ronfle ou un bon livre?



"Nehmen Sie ein gutes Buch mit ins Bett -- prenez un bon livre au lit -- Bücher schnarchen nicht -- les livres ne ronflent pas!" (Remarquez le génie de deux langues pour exprimer ce fracas: schnarchen et rrrronfler.) C'est le conseil que donne Thea Dorn en conclusion de l'émission Literatur im Foyer. J'admire sa manière de partager des découvertes littéraires avec ses téléspectateurs. Mais si j'apprécie de me pieuter avec un bon livre, je trouve encore plus intéressant de chauffer la couette avec quelqu'un qui a lu un bouquin passionnant.

Thea Dorn: les livres ne ronflent pas.
Trois émissions littéraires m'intéressent à la télévision. La Grande librairie de François Busnel avec son complice le dessinateur Jul, sur France 5. Literatur im Foyer en Allemagne, où l'on reçoit aussi des auteurs. Tandis que Literaturclub en Suisse alémanique réunit des critiques pour analyser les bouquins. Daniel Cohn-Bendit (oui le jardinier d'enfants européen) a animé Literaturclub avec talent, pour un politicien, mais je le trouvais agaçant, parfois.

Le beau François Busnel croqué par Jul.
La frontière littéraire entre la France et les pays anglo-saxons est un fossé profond. La France garde le souvenir d'auteurs qui ont illuminé le monde au siècle dernier. Aujourd'hui, les scribouillards parisiens ont le souffle court. Les trois pays où l'on écrit un allemand sans frontières sont en pleine effervescence littéraire, grâce aussi à tous les auteurs de l'Est (européen ou asiatique) qui ont choisi cette langue en immigrant en Allemagne, Autriche ou Suisse. Et l'anglais (brit ou amer) se porte bien, une vague de relève suivant l'autre, enrichie par des auteurs d'Asie et d'Afrique. Sauf que les lecteurs américains les boudent.

Si on ne veut pas lire, prendre un album à colorier.
Ce qui distingue aussi le monde anglo-saxon de la France, c'est le plaisir du public à suivre les lectures d'auteurs organisées de ville en ville -- surtout en Europe. Qu'en est-il chez vous, lecteurs québecois et belges? Et chez vous, lecteurs nord-africains qui aviez cette merveilleuse capacité d'écouter les conteurs et les poètes durant des heures?





Revenons au sujet principal: le ronfleur. Je pense que si l'on est vraiment amoureux d'un ronfleur -- et qu'il ne dépasse pas la puissance sonore légale -- on peut dormir en paix à côté de lui. Et ne se réveiller, inquiet, que si il cesse... Comment fait-on pour rester amoureux? C'est tout l'art de bien vivre!

André

3 commentaires:

unnu a dit…

Voila une question cornélienne,
mais finalement un livre est plus sage qu'un homme, (pour la chaleur le livre à aussi une couverture pour vous réchauffer)

Miroir Gay a dit…

« On s'aperçoit qu'on aime quelqu'un quand on trouve à ses ronflements quelque chose de musical, de tendre, de céleste. »

Philippe a dit…

Mon commentaire sera peut-être hors-sujet... j'ai seulement envie de dire que je trouve très belle la dernière photo de cette page et ces traces d'abandon total qu'elle nous fait partager... ce moment d' "après"... quand on a tout donné et tout reçu et qu'on se sent, à la fois, vidé et rempli... Ce moment de fusion "en corps" totale et déjà fuyante, avant que le temps et l'espace de notre vie humaine ne reprennent leurs droits et ne revendiquent leurs contingences... avec ou sans ronflements. Mais ça, on s'en fout un peu... Pas vrai ?

Bon dimanche aux hommes de la Case