samedi 16 juin 2012

Les Suisses : un autre rapport à la vie et à la mort préméditée



Le B.A.S.E. jumping, saut dans le vide en combinaison ailée (wingsuit) est un sport autorisé en Suisse. Plusieurs lieux dans les Alpes s'y prêtent magnifiquement. Le village de Lauterbrunnen attire des base jumpers du monde entier parce que le site est doté d'une falaise idéale. On y compte environ 20'000 sauts par an. Malgré des accidents et des morts spectaculaires (des mecs hurlant lorsqu'ils comprennent qu'ils vont se fracasser dans un arbre ou sur le sol), la population demeure accueillante parce que l'alpinisme aussi provoque beaucoup de drames.

Le Belge Cédric Dumont est un allumé, un trompe-la-mort de première. Dans cette vidéo, on le voit se lancer au-dessus d'une gorge escarpée, frôlant rochers et arbres dans la région des Churfirsten, une chaîne de montagnes du canton de Saint-Gall.



La montagne, les glaciers, les avalanches, les vents tourbillonnants, les cascades d'eau glacée: nous les Suisses avons un autre rapport à la mort -- et donc au sexe -- que les peuples des plaines. Un autre rapport aussi à la "démocratie" puisque nous sommes constamment appelés aux urnes pour décider en commun ce qui ailleurs est imposé par les chiens de la politique. Demain, par exemple, nous nous prononcerons sur des déductions fiscales pour encourager l'accès à la propriété et sur le vote du peuple en matière d'accords internationaux. Et puis, ce sera oui ou non à une loi imposant les réseaux de soins médicaux. Plus étrange encore: seuls parmi les 26 cantons helvétiques, les Vaudois devront décider s'ils obligent toutes les maisons de retraite subventionnées à accepter l'assistance au suicide en leurs murs.

Photo: David Lance.
Dans ce pays, les associations qui apportent "l'autodélivrance" aux personnes incurables en leur livrant la potion mortelle et l'accompagnement nécessaire ont pignon sur rue depuis trente ans. Mais certains établissements hospitaliers exigent que les malades retournent à la maison pour se suicider. C'est ce qu'une initiative voudrait modifier.

Les Vaudois sont partagés. Certains pensent que leur vie est moins importante que leur liberté, leur autonomie et leur dignité. Je suis de ceux-là et j'expliquerai une autre fois comment j'ai changé d'avis après le suicide d'un ami, malade du sida. J'admire la position de certains pasteurs protestants qui ne portent pas de jugement lorsqu'on leur demande d'être présents dans une telle circonstance. Ainsi Jean-Marie Thévoz qui déclare: [in Bonne Nouvelle, mensuel de l'Église réformée vaudoise] "Jésus ne s'est jamais laissé arrêter par aucune barrière que la société de son temps avait érigée. Il a touché les lépreux, est allé manger chez les percepteurs du fisc, a guéri l'enfant d'un officier romain -- un occupant -- [un autre évangile parle de son esclave "qui lui était cher" lisez: son concubin], pour privilégier un contact humain direct." Donner du sens à la mort, c'est en donner à la vie.

André

1 commentaire:

Morphéus Dark a dit…

pour l'avoir goutée, la sensation de chute dans le vide est Xceptionnelle au niveau des sensations et je suis toujours envieux de ces gens qui peuvent continuer. Moi suite à un grave accident, les toubibs me prescrivent le planché des vaches