samedi 21 juillet 2012

Un prêtre australien au secours des gays menacés de mort

Une loi inique, des sauveteurs vaillants.

J'attaque souvent les communautés religieuses fondamentalistes et l'Église catholique romaine. Aussi, lorsqu'un prêtre prend publiquement la défense des marginaux, il faut le relever avec reconnaissance et joie! Je sais que de nombreux ecclésiastiques soutiennent leurs paroissiens dans le secret de la confession, les assurant que leur "péché" n'en est pas un aux yeux de Dieu. Mais le père Paul Kelly s'exprime publiquement.

En Australie, dans l'État du Queensland (nord-est), la loi autorise les personnes accusées de meurtre de faire valoir pour leur défense l'état de panique anti-gay si elles ont cru être attaquées par un/une homosexuel/le. C'est une justification suffisante pour leur valoir une réduction de peine. Or Paul Kelly, prêtre australien résident à Maryborough, s'insurge et déclare: "Un homme a été tué sur le territoire de mon église, et l'un de ses deux assassins a utilisé ce système de défense. Ils ont été déclarés non coupables de meurtre." C'est ainsi qu'en 2008 Wayne Robert Ruks a été battu à mort devant l'église. Ses assassins ont déclaré qu'il leur avait "fait des avances homosexuelles" et avait tenté de palper le paquet de l'un d'eux. Ils ont été condamnés pour homicide par imprudence. La famille de la victime a affirmé que Ruks n'était pas gay.

Une campagne politique lancée depuis pour modifier la loi n'a pas abouti car le Parti libéral national est intervenu. C'est pourquoi le père Paul Kelly a ouvert une pétition sur la toile. "Des lois, écrit-il, comme celle qui concerne l'état de panique anti-gay légitiment et renforcent les manifestations de haine dont 73 pourcent des gays et lesbiennes du Queensland sont victimes, qu'il s'agisse d'insultes ou de violence physique." Et ne vous y trompez pas: les hétéros sont aussi en danger puisqu'il suffit qu'un criminel justifie son acte par un réflexe parano. Paul Kelly prêche les pieds sur terre et le coeur plus haut. Jugez-en.

"Il me semble que l'une des grandes tragédies, un scandale pour notre société c'est que, bien que nous vivions à une époque éclairée, nourrie de milliers d'années de sagesse dans laquelle nous pouvons puiser, beaucoup de gens semblent ne pas user de leur cerveau bien développé ni de leur capacité à réfléchir lorsqu'ils sont confrontés aux actions et décisions quotidiennes. Constatez la manière de conduire de nombreux automobilistes et leur comportement les uns envers les autres dans les parkings ou les couloirs des centres commerciaux. C'est à croire que ces voitures sont pilotées par des Néandertaliens: ils foncent comme des maniques poussés par l'impatience et un esprit d'agression irrationnel comme si c'était leurs seules valeurs. Si l'on demandait à ces gens à quoi pensiez-vous? cela ne me surprendrait pas qu'ils répondent je ne pensais à rien, je suivais mon instinct!

"Nous avons les plus grandes découvertes scientifiques à disposition, la technologie, l'éthique, les livres et ainsi de suite. Et comme l'affirme la lecture biblique de ce jour, Dieu nous offre tous les dons spirituels (charismes): sagesse, discernement, connaissance, guidance, courage, prudence et miséricorde. Mais à quoi servent-ils si les gens agissent sans s'y référer, sans réfléchir, sans prudence? Alors, tous les cadeaux du ciel et de la terre ne serviront à rien."

À ce jour, la campagne de Paul Kelly a rassemblé plus de 200'000 signatures et déclenché une tempête sur Twitter. Le père Stefan Hippler, du Cap, a twitté son soutien à son "frère prêtre". Hippler, qui lutte pour la tolérance en Afrique du Sud, a récemment condamné la prise de position des évêques de l'Uganda en faveur des "valeurs traditionnelles de la famille" et de la loi qui prévoit la peine capitale pour les homosexuels.

André

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