mercredi 24 octobre 2012

Pavel, le D.J. à poil, nous envoie ses bons baisers de Moscou





Face aux filles du groupe de punk Pussy Riot expédiées au bagne pour une chanson anti-Poutine, les exhibitions publiques du D.J. Pavel Petel [photographié à Moscou et Yalta] ressemblent à une farce et intriguent en même temps. Je vous laisse en tirer vos conclusions politiques et morales. C'est le double projet de ce mec qui m'intéresse ici: 1) se faire connaître, 2) décoincer la société russe. Né en 1980, moscovite d'origine ukrainienne, P.P. possède un diplôme de journaliste et a travaillé dans le design tout en développant son numéro de disc jockey nu. C'est devenu un spectacle complet qui tourne à travers la Russie avec go-go girls, costumes qu'il a dessinés lui-même, effets spéciaux, vidéos, chorégraphie et "scènes de nature sexuelle" selon sa définition.


La grande trouvaille de P.P. c'est sa manière d'incarner le contraste entre macho et féminin. Il déclare: "Les filles l'adorent: un mec mastoc, musclé et barbu en talons super-hauts, c'est incroyable, marrant et en même temps très très sexuel!" Mais il n'y a rien de trans-identitaire dans sa vie privée, précise-t-il, pas même le goût des fringues griffées. "Le monde est plein de gars splendides. Qui a retenu leur nom? Si je ne portais pas ces accessoires féminins pour les photos, personne ne ferait attention à moi!" Lorsqu'on lui demande dans quelles circonstances il est sorti du placard, il répond: "Quoi? quand? pourquoi? Moi, je veux du sexe, point. J'ai une armée de fans dans ce pays. Rien que des filles et leurs mères et leurs grand-mères. Vous voudriez leur faire croire que je suis gay? Impossible!"



Comment voit-il son avenir? "Je veux ouvrir mon esprit un max, créer quelque chose de nouveau dans le monde, inventer mon propre art pop. Jouer dans des films pornos? Je ne connais pas de stars du porno millionnaires. Mais si quelqu'un me fait des offres avec un cachet à sept chiffres..." Même (ou surtout) dans un pays aussi rétrograde, bigot, chaotique, corrompu et homophobe que la Russie, Pavel Petel sème les graines du changement. Les jeunes qui tentent de se débarrasser des concepts anciens et de se reconstruire trouvent en lui un exemple. Ils ne vont pas forcément le suivre à la lettre; ils ont probablement autre chose à réaliser. Mais ils seront reconnaissants à P.P. le D.J. d'avoir traduit en russe le Yes I Can d'un président américain métis. Ben oui, c'est possible...

André



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