vendredi 22 février 2013

Visiteurs à poil dans une exposition d'art consacrée au mâle nu


Bruce Nauman: Five Marching Men (1985)


Devant Rodin (1875)

Lorsqu'on parle de nus dans le monde des arts, il s'agit de corps féminins. C'est pourquoi l'exposition Des Hommes nus qui se tient jusqu'au 4 mars au Leopold Museum de Vienne est exceptionnelle avec ses 300 représentations de mâles au naturel. L'essentiel des oeuvres couvre la période du 18e siècle à aujourd'hui, avec quelques références à l'art égyptien et aux vases grecs.

M. F. Quadal: Modèle nu (1787)

A. Kolig: Ado (1919)

Edvard Munch: Badende Männer (1907)

Or le musée est allé plus loin avec des ouvertures nocturnes réservées aux visiteurs prêts à se dévêtir. Quelque 300 personnes ont abandonné leurs vêtements au vestiaire ne gardant que les chaussures. Comme l'a expliqué le chargé de communication, l'occasion était donnée aux hommes de comparer leur propre corps à ceux que l'art met en scène et de se demander comment ils se sentaient dans leur peau. Plusieurs amis de l'art et du naturisme sont venus de pays voisins pour l'occasion.


Gerstl: autoportrait (1908)

Schiele: autoportrait (1913)

D'une salle à l'autre, les visiteurs à poil ont été confrontés aux rêves de beauté des artistes, à des idéaux qu'on atteint peut-être brièvement durant la jeunesse. Mais d'autres oeuvres comme les autoportraits leur ont tendu un miroir plus authentique. Regardez ce nu en pied de 1913 où Egon Schiele (tête baissée, chemise bleu-vert) se représente en Prediger (prédicateur). Ou celui que Richard Gerstl, autre Autrichien, a peint en 1908 peu avant son suicide par pendaison devant un miroir, terrassé par un chagrin d'amour. Et -- comme dans Esti, le nouveau livre de Péter Esterházy (à paraître lundi en allemand) -- vous vous demandez à quoi ressemblerait votre corps en peinture.

L. Bourgeois: Fillette (1968)

Wilhelm von Gloeden: Concert de flûte (1905)

Cocteau: Querelle (1947)

Durant son exil en Allemagne au début du siècle dernier, le peintre norvégien Edvard Munch (dont Le Cri est l'oeuvre la plus connue) a vécu nu au bord de la mer, peignant des baigneurs dans le même appareil. "Je me sens comme un nouveau-né," disait-il. Cette vie en plein air l'avait provisoirement éloigné de la dépression et de l'alcoolisme; on le sent revivifié dans sa série intitulée Badende Männer, des hommes au bain. La paire de couilles sculptée et moulée par la plasticienne Louise Bourgeois, qui l'a intitulée Fillette, raconte une autre histoire. Celle d'une enfant dont le père chéri trompe son épouse avec la nounou. Tendresse et colère. Voilà pour la mise à nu des mâles à Vienne.

André
Warhol: Querelle (1982)

Gilbert & George: Spit Law (1997)

Pierre & Gilles (2006)

Aucun commentaire: