vendredi 12 juillet 2013

Être bien ou mal dans sa peau nue, mais recouverte de tatouages



Certaines inscriptions indélébiles sur la peau, ajoutées les unes aux autres suivant l'humeur de l'instant, témoignent des changements de cap de leur porteur: projets inaboutis, amours envolées. D'autres tatouages fleurissent d'une manière cohérente avec les années et avec les ajouts, même s'ils sont envahissants. Site du toucher, notre peau est le premier sens qui s'éveille à notre naissance, le dernier à survivre dans la vieillesse. Elle perçoit beaucoup de choses sans que nous ne le lui attribuions, comme "je l'ai dans la peau" -- dit sans y penser! Elle réagit à toutes sortes d'éléments naturels ou d'ordre psychique, aux mauvais contacts comme aux caresses qui guérissent; elle manifeste nos états intérieurs par des inflammations, des allergies -- ou au contraire en étant resplendissante, en rougissant avec modestie.




Dans les sociétés premières, le tatouage et la scarification révèlent la classification, la hiérarchie des êtres, leur situation au sein de la culture qui les élève. Chez nous qui avons perdu le sens des étapes vitales, des initiations et des transmissions, le tatouage ne reflète que des impulsions, des croyances et des goût individuels et -- peut-être -- la nostalgie des rites. La peau et tout l'être s'en ressentent, surtout lorsque les thèmes abordés sont offensifs, disparates ou dépassés. Les tatoués sont souvent enveloppés de zones de peau morte, épisodes imprimés qu'ils voudraient oublier. C'est pénible. Cela affecte leur santé et leur moral.

André






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