samedi 6 juillet 2013

Oublier les soucis, nu comme un poisson, en nageant au soleil


Au début de la semaine, sur les rochers au bord de l'eau, j'avais
rendez-vous avec le cousin germain. Tous deux nous apprécions le décor: un lac étendu, le rivage de Haute-Savoie en face de nous, des montagnes décorées des dernières giclées de neige (espérons-le), le passage majestueux des cygnes et des bateaux à aubes. Nous nageons aussi loin que le plaisir et le souffle nous portent, le corps nu frotté d'huile pour nous protéger des piqures des puces que véhiculent les canards en cette saison. Le contact avec la masse d'eau est d'autant plus sensuel que nous croisons des couleuvres agiles, mais pas d'autres humains. Les quelques grands chéris de la tribu -- aux fesses impeccablement rasées et bites grillées comme des saucisses fumantes -- restent planqués au sec. Ils mouilleront leurs orteils manucurés lorsque l'eau aura gagné encore quelques degrés.




De retour sur les rochers, les deux nageurs déballent le repas. L'un a apporté une tarte maison fromage-saumon fumé et un rosé pour l'accompagner; l'autre une grande salade fraîchement cueillie en son jardin, deux tournées de café et des biscuits [petits gâteaux pour le Français]. Comme d'habitude, ils proposent aux gars alentour de partager le repas et les boissons. Deux refusent: ils ont déjà mangé (un sandwich acheté dans une station-service et une barre chocolatée) un troisième est "au régime". Comment pourrait-il attirer un regard intéressé s'il se mettait à grossir? Mec splendide, au ventre plat, d'une belle intelligence, il discute boulot avec son voisin, un confrère. Leurs problèmes avec des clientes qui ne suivent pas leurs conseils, puis se plaignent, etc. C'étaient les mêmes jérémiades la semaine dernière et l'an dernier et celui d'avant.

Hé mec! C'est pas ton ventre qui retiendra l'homme rêvé que tu n'as jamais connu. Ce ne sont pas les constantes jérémiades sur le métier que tu as choisi, non plus. Mets de l'air, de l'espace, du mouvement et de la compassion envers toi-même dans tes jours de congé! Lis, médite, marche et réfugie-toi auprès de gens paisibles. Alors tu pourras aimer ton prochain. Fais tomber les barrières qui te maintiennent dans l'amertume, à cause de ta triste enfance sans amour paternel. Pardonne à ton père et essaie de te pardonner aussi à toi-même. Accepte de casser la croûte avec les voisins, même si cela ne figurait pas au plan de ta journée. Ce sera un premier pas vers l'accueil d'un homme qui ne correspondra pas au profil idéal que tu as déterminé, qui te fera partager d'autres passions et aura des qualités et des défauts tellement plus vivants. Et il t'interdira de parler boutique durant vos vacances...

André



1 commentaire:

Anonyme a dit…

salut André,
ton récit fait écho en moi car j'habite Lausanne et adore notre lac. Juste une question : si ce n'est pas indiscret, ou se trouve la plage dont tu parles ? Personnellement je ne connais que celle de Cully. Si tu souhaites me répondre mais pas sur le blog, voici mon mail : jurgen.mec@gmail.com.
Merci