samedi 31 octobre 2015

Du poil au museau pour "changer le visage de la santé des mâles"








Novembre, mois où la moustache est mise en évidence à travers le monde, en faveur d'une bonne cause. Pour échanger des baisers plus piquants? Mieux: dans le but de sensibiliser les mecs aux dangers que présentent le cancer de la prostate et celui des testicules. Des sujets dont on ne parle pas volontiers, remettant à plus tard le moment de s'en préoccuper, de se renseigner, d'en parler avec son médecin, de prendre les précautions nécessaires. De là est né l'événement annuel Movember (Movembre, si le français comptait encore comme langue internationale) pour accoler mo-ustache et no-vembre. Mois durant lequel les gars sont invités à se laisser pousser la moustache afin d'attirer l'attention de leurs copains et de l'opinion publique sur ce problème et de récolter des dons pour soutenir la prévention.



Ne gardera-t-il que la moustache?

Les hommes qui souhaitent prendre part à Movember s'inscrivent sur le site de la fondation Movember et commencent le mois rasés de près. Puis ils laissent pousser leur moustache l’entretiennent tout au long du mois. Selon l'organisation, aucun bouc ni barbe ne sont autorisés, les poils doivent être concentrés uniquement au-dessus de la lèvre supérieure. Mon cul poilu! C'est exclure les barbus qui sont de plus en plus nombreux et possèdent aussi une paire de couilles précieuses et une prostate en ordre de marche, indispensable pour bien pisser, éjaculer et trembler de plaisir. Ils pourraient par exemple raser leur barbe et ne conserver que la moustache pour sauver leur honneur. Les potes leur poseraient aussi la question: pourquoi?






À Lausanne (Switzerland), ma ville, les pompiers municipaux participent à la campagne. Bravo! Il faut du poils au cul pour affronter les flammes et les inondations; ce novembre, ils en auront aussi sous le nez. Le cancer de la prostate et des testicules font des ravages, selon leur communiqué publié hier. Depuis 2003, des millions de personnes ont rejoint l'association internationale Movember et ont récolté l'équivalent de 536 millions de francs (suisses) afin de financer des programmes de santé. Les sapeurs-pompiers du Service de protection et sauvetage de Lausanne (SPSL) s'associent à cette démarche et se laisseront pousser la moustache pour récolter des dons. Leurs photos seront publiées sur la page internet du SPSL et la page Facebook de Movember.

André
Aucun pompier lausannois ne figure sur ces photos.


Pour des couilles et une prostate en ordre de marche.

dimanche 25 octobre 2015

De père à fils: comment réinventer la transmission du vécu ?



Les "groupes de parole" réunissant des hommes prêts à débattre de leurs problèmes de vie sexuelle, familiale et professionnelle ont connu plus de continuité dans les pays anglo-saxons que latins. Je garde pourtant un souvenir précieux d'un long week-end passé dans une demeure de la campagne genevoise où nous étions une trentaine de gars prêts à ouvrir nos tripes les uns en face des autres. Trente mecs à poil, assis en tailleurs, dans un cercle où la seule personne vêtue était... l'animatrice. Les organisateurs n'avaient pas trouvé de type compétent. C'était au début des années 1970, encore très Peace and Love. Et notre coach devait souvent nous rappeler la règle du cercle: poser nos mains sur les cuisses de nos deux voisins. Étais-je le seul homosexuel de la bande?



L'un des exercices en petits groupes s'intitulait "ma première masturbation". Ce souvenir entraînait forcément le récit de la suite. La réaction de maman ou papa entrant inopinément dans la chambre du petit gars... Et, des années plus tard, la colère de l'épouse lorsqu'il s'attarde trop longtemps sous la douche... Ou la honte qu'il éprouve encore à se masturber... Ces sentiments négatifs circulaient de génération en génération; ils empoisonnaient l'amour et le plaisir. C'était l'époque Peace and Love. La paix: on espérait que la leçon du Vietnam servirait une fois pour toutes... L'amour: on imaginait qu'il se libérerait des jugements et des contraintes, grâce à plus d'honnêteté et d'ouverture dans nos relations... Qu'en est-il aujourd'hui?



Et ton père? T'a-il déclaré un jour: "Pour moi, devenir plus authentique dans ma sexualité m'a aussi amené à plus d'authenticité dans tous les autres aspects de ma vie."

Dans ces groupes de parole, il aurait fallu organiser des séances réservées aux hommes d'une même génération; que d'autres soient ouvertes à tous les âges; d'autres enfin où se seraient rencontrés uniquement des pères avec leur-s fils, pour prendre le temps de s'écouter et, éventuellement, de s'entendre... Je demande parfois à des hommes comment ont été leur relation avec leur père, leurs grands-pères, leur-s fils. Est-ce que les aînés ont fait passer des messages positifs sur la manière de mener une vie de mâle (et pas seulement une carrière)? Est-ce qu'ils ont appris à devenir père avec leur père et/ou avec leur-s enfant-s? Les réponses ne sont pas aussi encourageantes qu'on pourrait l'espérer. Pas besoin de développer, sinon sur l'évolution de nos sociétés. Dans la première moité du siècle dernier, la plupart des fils exerçaient encore le même métier que leur père. Papa au charbon, fils mineur. Père agriculteur, pêcheur ou forgeron, fils aussi. Le père transmettait ses connaissances et cela créait un lien solide (pas forcément paisible) entre eux. Aujourd'hui, quel fils a pu observer son paternel au travail, à part dans les métiers du sport et du spectacle? C'était un lien puissant.

André