lundi 4 juillet 2016

Amants et cabossés de la vie: les photos intimes de George Dureau







Il  passé toute sa vie, de 1930 à 2014, dans le Quartier français de La Nouvelle-Orléans. Le peintre, sculpteur et photographe George Dureau l'a consacrée à mettre en évidence la beauté de ses amants, surtout noirs, aussi bien que la dignité des amputés et des personnes de petite taille. Il les a mis en scène dans les rues de sa ville et dans son vaste studio-appartement envahi comme une jungle luxuriante. L'observant durant une séance de photographie, l'un de ses admirateurs a écrit qu'il mettait en scène ses modèles avec la précision et l'oeil rigoureux d'un chorégraphe. Plusieurs d'entre eux faisaient partie de la famille qu'il avait créée autour de son art et de ses amours.







Je possède le premier recueil de photos qu'il avait publié en 1985. Cet album modeste d'apparence a beaucoup impressionné par la place donnée à des hommes qui n'entraient pas dans le canon des modèles pour photographe gay. Ces gars avaient néanmoins décidé de se présenter nus devant l'objectif, avec un message: j'ai un corps qui est fait pour l'amour, comme tous les corps. Un nouvel album vient de paraître il y a quelques jours, George Dureau, The Photographs chez Aperture. Comparées aux photos de Robert Mapplethorpe -- un ami et admirateur de George Dureau -- les oeuvres de ce dernier se distinguent par le rapport profondément humain qu'il savait créer entre lui et ses modèles, sans fausse pitié envers leur vulnérabilité, leur accordant un traitement égal à celui qu'il réservait aux autres.

André







5 commentaires:

clodoweg a dit…

Superbe article et superbes photos.
Je ne connaissais pas du tout ce photographe.
Merci de nous l'avoir révélé. Ses photos sont une leçon d'humanité.

André a dit…

Salut Clodo!

Fait étonnant, nous sommes synchronisés cet après-midi: tu commentais ici alors que je commentais sur ton blogue au même moment...

Unknown a dit…

très belles photos merci de les faire partagés André

Philippe du Nvd a dit…

Superbes photos et j'admire aussi le courage de la démarche... tant du photographe que des modèles !
Toutefois, suis-je le seul à éprouver un profond malaise en les regardant ?
Regarder est d'ailleurs un bien grand mot, tant j'ai de la peine à laisser mes yeux s'y poser !...

D'où vient cette gêne ?... Du fait qu'ils me regardent, moi qui ne suis pas comme eux et ignore si souvent ma chance ?...
De mon impuissance à leur apporter une aide (...qu'ils ne me demandent d'ailleurs même pas !...) ???...
De mon égoïsme et d'une incurable peur de la différence, encore tapis en moi, malgré tous mes efforts pour les en débusquer ?

Vivement la prochaine page !
Mais merci quand même, André, pour celle-ci !

André a dit…

Merci de ton analyse, Philippe qui traduit le malaise que nous sommes probablement nombreux à ressentir.
Oui, la peur de la différence, c'est aussi ce que ressentent, on peut l'imaginer, ceux que nous traitons d'homophobes...
Je pense qu'en méditant en face de ces photos-messages, on peut accepter le malaise, légitime, et lui permettre de disparaître, comme dans un fondu-enchaîné, pour se transformer en sympathie. Sans que cela devienne un acte de bonté (chrétienne) forcée. Simplement un lien entre eux et moi, de mec à mec.