vendredi 13 octobre 2017

Des groupes de soutien pour mâles taiseux ou en grande détresse




Les hommes, en moyenne, meurent plus tôt que les femmes. Dans la classe ouvrière, cette différence est due à la dureté des travaux professionnels, aux conduites à risque et à la réticence d'aller consulter un médecin. La ténacité est considérée comme une vertu virile, aussi bien au travail que dans les beuveries. L'écart scandaleux entre les salaires des métiers physiques et ceux des cols blancs met les pères de famille à rude épreuve; ils sont souvent obligés de renoncer à des soins (par ex. dentaires) et d'accepter des heures sup pour équilibrer leur budget.














Dans la classe moyenne, on constate de plus en plus de problèmes de santé mentale. On ne parle pas de dépression, c'est tabou, mais de stress et  de burn-out pour sauver l'honneur. Il y encore beaucoup de progrès à réaliser dans l'attitude des mecs envers leur santé physique et mentale. Néanmoins, peu à peu, le machisme fait place à une virilité mieux ancrée dans la réalité et moins orgueilleuse. Les groupes d'hommes qui s'étaient développés au siècle dernier, sous la pression des épouses féministes, renaissent aujourd'hui dans des compositions différentes.




La première fois que j'ai participé à un "groupe d'hommes", c'était dans les années 1970, un week-end dans la campagne proche de Genève. La plupart des gars étaient des expats travaillant dans les organisations internationales. J'ai souvenir d'un cercle d'une trentaine de mâles, à peu près tous hétéros, assis en tailleur, à poil. Une seule femme siégeait parmi nous. Elle n'a pas quitté ses vêtements: c'est elle qui dirigeait le groupe! Les organisateurs n'avaient pas trouvé de coach mâle compétent.




Au programme: partage en petits groupes et divers exercices. Pour apprendre la confiance, un mec les yeux bandés se fait conduire par un voyant dans les cages d'escalier et à travers les parc entourant la demeure. Pour parler d'autre chose que de boulot, de foot ou bagnoles, un gars debout se déshabille lentement devant un autre assis par terre. Il doit fournir autant de détails que possible sur chaque pièce de vêtement avant de passer à la suivante.



Plus facile de faire les couillons que de se mettre à nu moralement.

Dans pareille situation, une femme aurait raconté: "Cette petite culotte, j'ai fait cinq magasins pour la trouver" et expliquerait pourquoi (forme, couleur, textile, etc.) À l'époque, sauf pour moi, la réponse standard était: "ma femme achète mes slips." Mais on demandait de creuser le sujet. Alors, un peu confus, le pauvre gars finissait par expliquer pourquoi il avait passé du calcife informe au Jockey avec ouverture en porte-feuille et passait à des aveux concernant le rapport à sa bite qu'on ne partageait pas à l'époque, même avec un proche.






Discussion en groupe à quatre. Le sujet: quand et comment j'ai commencé à me masturber. Un sujet embarassant il y a un demi-siècle. Les plus courageux enchaînaient sur leurs difficultés conjugales et les branlettes à la hâte sous la douche lorsque Madame avait mal à la tête. Puis plongée dans les problèmes du  couple et découverte que les autres aussi traversaient des crises profondes, constat difficile entre hommes qui avaient commencé le week-end avec un sourire vainqueur.




Quelques groupes d'hommes ont survécu à cette époque. Aujourd'hui, les entreprises organisent des stages de défi pour rendre leurs cadres plus combatifs (ils disent "agressifs" parce que l'esprit guerrier est partout). Les groupes d'entraide -- à valeur thérapeutiques -- offrent la possibilité de soigner les dépendances, de parler des abus subis durant l'enfance, des souffrances du divorce, du stress professionnel et des problèmes de bite molle (impuissance, par ex. à la suite d'un cancer de la prostate). Les LGBT aussi ont l'occasion de parler des angoisses et de la tentation du suicide vécues avant leur coming out. Des accouchements douloureux qui débouchent sur une délivrance. Et c'est la découverte du soutien reçu grâce au groupe. Il permet -- aussi bien aux taiseux de la classe ouvrière qu'aux orgueilleux des bureaux -- d'évoluer vers plus d'assurance et de liberté.

André


Tirer tous à la même corde.

Des moments tribaux pour discuter et apprendre.


3 commentaires:

Dune a dit…

C'est toujours un plaisir de te lire. Bonne journée à toi :)

Anonyme a dit…

Toujours de la belle virilité masculine.
Merci André pour ces beaux reportages et belles photos............photos qui me font saliver.
Hubert

Xersex a dit…

les femmes vivent plus longtemps, parce qu'elles renouvellent leur sang avec la menstruation.